ENSORCELÉS PAR LA MORT

 

Le spectacle a reçu Le Prix Des Souffleurs 2010

Pour toute l’équipe et la mise en scène

Texte tiré du livre éponyme de Svétlana Alexeievitch

Mise en scène : Nicolas Struve

Décor : Damien Caille Perret

Lumière : Pierre Gaillardot

Régie : David Antore et Emmanuelle Phelippeau Viallard

Jeu : Bernard Wawer, Christine Nissim et Stéphanie Schwartzbrod

 

2009 :

Studio Théâtre de Vitry -  Phénix de Valenciennes - Théâtre des sources de Fontenay aux roses - Maison de la Poésie

2010 :

Nouveau Théâtre de Montreuil - TQI d’Ivry - L’Apostrophe, Cergy Pontoise - Fête de l’Humanité -Forum Meyrin - ATP d’Aix en Provence - ATP d’Avignon

2011 :

 L’Olympia, CDR de Tours

 

    Le 21 décembre 1991, prenait fin l’URSS (l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques) ; ce singulier État qui fit rêver tant de gens et au nom duquel tant de crimes furent commis.

 

    Un État que certains n’hésitèrent pas à qualifier  d’«empire du mal » mais qui a aussi été un espace où deux cents millions de sujets essayèrent, quotidiennement et tant bien que mal, de vivre, aimer, d’élever des enfants, de leur transmettre quelques valeurs, bref, de mener une vie aussi humaine qu’il se pouvait. Un espace où certains crurent sincèrement qu’il était possible, souhaitable, d’édifier un monde neuf, plus juste, d’où émergerait un homme nouveau plus généreux et élevé. En découvrant un beau jour, souvent au terme de toute une vie de sacrifice, qu’ils avaient été les dupes d’un mythe qui reposait sur leur aveuglement et se nourrissait de leur abnégation, ils ont tenté de se donner la mort, plutôt que de survivre à l’effondrement de leur idéal.

 

Voici les trois histoires de Vassili P., de Margarita Pogrebitskaia,,  d’Anna M., voici trois vies (minuscules, dirait peut-être P. Michon), trois témoins qui, de l’intérieur, de là-bas, de loin, viennent nous dire ce que nous ne savions que trop généralement, c’est-à-dire que nous ne savions pas : l’espoir comme son dévoiement, la joie comme la peur, la foi comme la terreur.

 

Trois histoires qui m’ont semblé contenir une secrète parenté avec nos propres trébuchements, la fatigue, la lassitude, le découragement qui aujourd’hui nous affectent peu ou prou, quelle que soit l’énergie que nous mettions à les combattre par le travail, l'amour, la lutte...l'amusement. 

 

Dans ces trois récits, nous entendons une part de notre histoire, celle où un désir de justice s'est transformé en terreur puis a tourné en farce Grand Guignol. Nous entendons une part de l'histoire de notre soif de justice, part qu'il me semble urgent d'examiner à nouveau, si nous ne voulons pas tirer un trait sur la soif elle-même. Ici, la justice n'est pas une notion flottant quelque part dans le ciel des idées, mais un coup au cœur d'êtres concrets, un coup au visage parfois. La grande et la petite Histoire sont inextricablement tissées et la qualité humaine est de celle que seule la proximité de la mort révèle.

 

Nicolas Struve

 

 


 

VIDÉOS :

 

Vassili Petrovitch - Extrait

Margarita - Extrait


Anna M. - Extrait

Vassili Petrovitch, dernière partie - Extrait


 

REVUE DE PRESSE :

 

RUE 89

Bernard Waver, Christine Nissim et Stéphanie Schwartzbrod endossent ces personnages ou plutôt ils les tiennent par la main, en montrent tendrement la complexité, nous entraînent au cœur de ces êtres où la frontière entre la foi et l'aliénation est ténue. Le théâtre est aussi un art de l'écoute. Ils sont à l'écoute de leurs personnages comme Svetlana Alexievitch était à l'écoute de Vassili, Margarita et Anna.

Jean-Pierre Thibaudat

 

LA CROIX

Spectacle terrible et magnifique, éprouvant, réduit à l’os des mots.

Jean-Claude Raspiengeas

 

TÉLÉRAMA TTT

Si l'on ne compte plus les adaptations au théâtre du travail de Svetlana Alexievitch, c'est sans doute parce qu'il s'incarne naturellement sur scène. La journaliste biélorusse recueille la mémoire de « l'homo sovieticus » et la réécrit à la première personne, dans un style direct. Ce spectacle s'appuie sur trois récits tirés de l'une de ses premières enquêtes, réalisées immédiatement après la chute de l'URSS, auprès d'ex-Soviétiques soudain suicidaires.

Confinées dans un coin, toujours le même, les trois fragiles silhouettes, un homme très vieux et deux femmes quinquagénaires, se relaient. L'homme au bonnet ne quitte pas son fauteuil, la femme-médecin admiratrice de Staline et des défilés de gymnastes arpente un large ruban blanc ; quant à la dernière, elle reste assise, pieds rentrés en dedans. Les deux premiers ont été des amoureux de la Révolution, malgré les couleuvres avalées. Ils ne supportent pas de se retrouver sans idéal. Elevée dans le goulag, la troisième reformule avec hésitation ce qu'elle a alors compris du monde et vécu : la brutalité des soldats, la vermine et la faim, l'abandon. Trois paroles coups de poing pour trois acteurs au plus près de leur texte, dans une mise en scène de la plus grande sobriété signée Nicolas Struve. Et le théâtre est à l'oeuvre.  Emmanuelle Bouchez

 

LIBÉRATION

Un trio d’acteurs qui va très loin dans l’identification avec les personnages (...) criants de vérité en complices et victimes de l’horreur.

René Solis

 

MÉDIAPART

Nicolas Struve qui signe là sa seconde mise en scène fait une formidable adaptation du roman.

Véronique Klein

 

L'HUMANITÉ

La mise en scène de Nicolas Struve joue l’épure, se préserve de toute ostentation. Marie José Sirach l

 

LA TERRASSE

Dans une justesse lumineuse, un rituel rendu à la mémoire et à l’Histoire, Nicolas Struve crée Ensorcelés par la mort d’après le livre éponyme de Svetlana Alexievitch, construit à partir d’entretiens avec trois anciens membres du parti communiste d’URSS. Trois monologues pour trois récits de vie, deux femmes cinquantenaires, Margarita médecin et Anna architecte, et Vassili, homme plus âgé, membre du parti communiste depuis 1920. Ces figures, au début des années 90, ont tenté d’en finir avec la vie, toutes viscéralement liées à l’écroulement historique d’un monde. Ces camarades ont rêvé à un type parfait de société socialiste, un modèle politique dans lequel les citoyens seraient égaux. Un idéal moral et intellectuel capable de satisfaire les aspirations du cœur et de l’esprit comme celles du ventre qui crie famine. Margarita se souvient de sa gaieté d’enfance dans sa patrie bien-aimée : « On croyait que demain serait mieux qu’aujourd’hui, et après- demain mieux que la veille. » Restent les souvenirs du lilas en fleurs, des parades des gymnastes et de la liesse des fêtes populaires à la gloire de Lénine puis de Staline. La mémoire sélective oublie les arrestations et les caves pleines de la Loubianka.

Les révélations de ces vies sacrifiées forcent le respect 

De son côté, le jeune Vassili apprend, plein d’espoir, que le régime soviétique travaille à donner une robe de soie à sa mère et des chaussures à talons à sa sœur. Il assiste aux exécutions sommaires perpétrées dans les campagnes par les soldats de l’armée rouge contre les koulaks qui ne veulent pas livrer leur blé. Ce sont les pauvres, les plus nombreux, qui ont suivi les bolcheviques. Quant à Anna, elle est née dans un camp, y passant douze années, privée de sa « mauvaise » mère, ennemie de la Patrie. Son fils lui reproche aujourd’hui d’avoir servi de cobaye pour une expérience inhumaine et dégradante. Ces militants d’hier subissent l’incompréhension des générations suivantes, la solitude, un sentiment d’humiliation, reconnaissant leur crédulité pour un avenir jamais venu dont ils sont les otages. Ces paroles ne sont pas perdues, les révélations de ces vies sacrifiées forcent le respect dans l’écoute du désenchantement, de la déception, de l’immense chagrin d’avoir été si lamentablement dupé. La mystification des dominés trompés par les dominants est d’autant plus cruelle que les premiers ont été poussés à collaborer à leur propre domination. Christine Nissim, Stéphanie Schwartzbrod et Bernard Waver, séparés dans des espaces découpés de lumière, foulent alternativement la scène de cette dignité magistrale qui transgresse la douleur. Ce sont des fragments de vie, des ombres d’existence racontant sobrement l’inouï. La faute coupable est insaisissable, si ce n’est ce rêve menteur de jours meilleurs qui rend aveugle.

juin 2009, Véronique Hotte

 

BLOG D'ÉDITH RAPPOPORT

Bernard Waver, Stéphanie Schwarzbrod et Christine Nissim portent ces paroles douloureuses de Svetlana Alexeïevitch sans pathos, avec une lumineuse force de vie.

 

BLOG DE PHILIPPE DUVIGNAL

Nicolas Struve a choisi des comédiens de grande qualité pour interpréter ces confessions: Bernard Waver, Christine Nissim, Stéphanie Schwartzbrod ; aucun  sentimentalisme chez eux, mais une présence exceptionnelle  et une sincérité que l'on ne voit pas tous les jours; ils disent les choses les plus insoutenables avec une sorte  de grâce qui les illumine,  parce que Nicolas Struve a su les diriger au plus juste.

 

BLOG DE BARBARA PETIT

Un spectacle douloureux, implacable, bouleversant..  Un spectacle subjuguant, basé sur un texte rare et précieux. À voir de toute urgence.

 

FROGGY'S DELIGHT,

Sur scène, avec une maîtrise absolue, sans pathos ni distanciation, Christine Nessim, Stéphanie Schwartzbrod et Bernard Waver donnent corps, voix et vie fugace à ceux qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes et dont la vie brisée est entrée sans un bruit, sans un cri, dans l'Histoire. Martine Piazzon

 

ARTISTIKREZO.COM

 

C'est une symphonie, une fascination joyeuse de chaque instant. Hervé Charton

 

PHOTOS :